Entends-tu matelot le cri de la géante
L’air de l’antique oiseau que l’on nomme sirène
De la femme des flots à la voix lancinante
Du port de Copenhague de Messine ou d’Athènes ?
Comprends-tu Mathurin la musique que chante
La fillette-poisson qu’on sculpte dans l’ébène
A la proue des galions des glorieux capitaines
Ce terrible refrain fait d’ennui et d’attente ?
Et lorsque je te dis cet obsédant poème
Que mes lèvres sont flûte et mes larmes sont sève
Sais-tu que c’est vers toi que mon cœur en carême
File et fend l’océan de l’abysse à la grève ?
Tu écoutes ma plainte comme une sérénade
Tu ne me connais pas mais déjà me redoutes
Lance alors ton navire vers d’autres canonnades
Accrochée au rocher je ne suis qu’une goutte.
© Roi – Ferrand - Août 2010